L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a publié un avis le 30 janvier 2025 dans le cadre de sa mission de caractérisation et d’évaluation des impacts sur la santé de la consommation d’aliments dits ultratransformés, qui lui a été confiée par la Direction générale de l’alimentation et la Direction générale de la santé en août 2022.
Dans un contexte où les aliments transformés font de plus en plus partie de l’offre alimentaire, tout en suscitant de larges préoccupations pour la santé, l’ANSES s’est interrogée sur le lien qui pourrait exister entre la consommation de ces aliments et le risque croissant de développer des maladies chroniques.
Bien que l’ultratransformation des aliments soit encore un concept encore mal défini scientifiquement, l’ANSES a étudié les données disponibles dans diverses études et a identifié des signaux permettant de suggérer un lien de cause à effet.
L’ANSES s’est intéressée à la classification Nova, développée par des chercheurs brésiliens, qui permet une classification basée sur le degré de transformation des aliments. Selon cette classification qui ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté scientifique, les aliments ultratransformés se caractérisent par l’utilisation de procédés de transformation industriels, ainsi que l’ajout d’additifs et de substances rares, comme des isolats de protéines ou des huiles hydrogénées qui modifient leur texture, leur goût et facilitent leur préparation. Ces aliments sont souvent associés à une alimentation rapide et excessive, ce qui pourrait expliquer certains risques pour la santé.
Suite à ces analyses, l’ANSES a formulé les hypothèses suivantes :
En conclusion de ce rapport et bien que les preuves scientifiques soient limitées, l’ANSES souligne que la consommation élevée de produits alimentaires ultratransformés selon la classification Nova pourrait être associée à un risque plus élevé de mortalité et de maladies chroniques telles que le diabète de type 2, le surpoids, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, les cancers du sein et colorectal.
L’ANSES souligne la nécessité de mener des études supplémentaires pour mieux comprendre les mécanismes sous-jacents, notamment les effets des substances formées pendant la transformation. Toutefois, elle rappelle que les classifications actuelles des aliments en fonction de leur degré de transformation ne sont pas encore suffisantes pour établir des risques sanitaires concrets. Elles ne peuvent donc pas être utilisées afin de sensibiliser sur une bonne hygiène nutritionnelle.
Enfin, l’Agence rappelle la nécessité d’explorer des leviers d’action supplémentaires pour améliorer les habitudes alimentaires et les niveaux d’activité physique, ce qui permettrait de mieux répondre aux défis de santé publique, comme la lutte contre l’obésité et la sédentarité.
En définitive, cet avis a pour objectif de renforcer la recherche sur les aliments ultratransformés et de lancer des études en se fondant sur ces hypothèses pour permettre de prouver le lien scientifique entre ces transformations et les effets sanitaires et d’ainsi engager une évolution des politiques publiques sur le sujet.