La Commission européenne a annoncé le 14 octobre 2025 avoir infligé une amende de plus de 157 millions d’euros aux enseignes de mode Gucci, Loewe et Chloé pour avoir imposé des prix de revente à leurs revendeurs indépendants, en violation de l’article 101 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne prohibant les ententes anticoncurrentielles.
La Commission avait opéré le 18 avril 2023 des inspections inopinées dans les locaux de ces entreprises situés dans plusieurs États membres notamment en Italie, en Espagne et en France. Puis une procédure formelle a été ouverte en juillet 2024.
L’enquête menée par la Commission a révélé que Gucci, Loewe et Chloé ont restreint la capacité des détaillants tiers indépendants de fixer librement leurs prix de revente en ligne et en magasin pour la quasi-totalité de leurs gammes de produits. Ces enseignes ont directement interféré avec les stratégies commerciales de leurs revendeurs auxquelles elles ont interdit de s’écarter :
En pratique, Gucci, Loewe et Chloé ont obtenu de leurs revendeurs qu’ils appliquent les mêmes prix et conditions de vente que ceux en vigueur dans les points de vente propres de chaque enseigne. Afin de faire respecter cette politique tarifaire, les trois enseignes ont surveillé les prix pratiqués par les revendeurs et rappelé à l’ordre ceux qui ne les appliquaient pas. Les revendeurs ont ainsi été privés de leur indépendance en matière de fixation de prix et ont subi une restriction de concurrence non seulement entre eux, mais également à l’égard des trois enseignes de luxe. Ces pratiques de prix imposés ont entraîné une hausse des prix et une réduction du choix pour les consommateurs.
Chacune des enseignes a coopéré avec la Commission et a expressément reconnu les faits reprochés. Gucci et Loewe ont notamment fourni des éléments de preuve déterminants durant la première phase de l’enquête permettant de caractériser une infraction aux règles de concurrence, ainsi que des éléments permettant de préciser la temporalité de l’infraction.
En contrepartie de cette coopération, les enseignes Gucci et Loewe ont obtenu une réduction de 50 % portant leur amende respectivement à hauteur de 119.674.000 € et 18.009.000 €, et l’enseigne Chloé a bénéficié d’une réduction de 15 %, portant le montant de son amende à 19.690.000 €.
Cette décision fournit une nouvelle illustration de la volonté des autorités de concurrence européennes de sanctionner les restrictions de concurrence verticale imposées par les fabricants de produits de luxe et de mode à leurs revendeurs, sans considération (ou presque) pour la nécessité prétendue de préserver la réputation et l’image de marque de ces produits.
Pour rappel, en 2024, l’ADLC a sanctionné lourdement (amende de 91,6 millions d’euros) le fabricant de montre suisse Rolex pour avoir interdit la vente en ligne de ses produits pendant plus de dix ans. Un comportement que l’entreprise avait vainement tenté d’expliquer par la nécessité de préserver son image et de lutter contre la contrefaçon de ses produits.