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Actualité
28/7/25

La Chine publie un plan d’action pour la gouvernance mondiale de l’intelligence artificielle

Le 26 juillet 2025, à l’occasion du Sommet de haut niveau sur la gouvernance mondiale de l’intelligence artificielle, organisé à Shanghai dans le cadre de la Conférence mondiale de l’IA, la République populaire de Chine a rendu public un document stratégique intitulé « Plan d’action pour la gouvernance mondiale de l’intelligence artificielle » (Global AI Governance Initiative – Action Plan). Ce texte s’inscrit dans la continuité de l’initiative diplomatique lancée par le Président Xi Jinping en octobre 2023 et confirme la volonté de la Chine de jouer un rôle moteur dans la structuration des normes internationales applicables à l’IA.

Un document d’orientation stratégique à portée transnationale

Bien qu’il ne s’agisse pas d’un instrument juridiquement contraignant, le Plan constitue un acte de soft law structurant, exprimant des engagements politiques et des orientations normatives susceptibles d’influencer les législations nationales, les accords multilatéraux et les codes de conduite sectoriels.

Il vise à concrétiser les principes adoptés dans le cadre du Pacte numérique mondial des Nations Unies (Digital Global Compact) et formule une vision chinoise de la gouvernance globale de l’intelligence artificielle, fondée sur un équilibre entre souveraineté technologique, sécurité, coopération internationale et développement partagé.

Le document appelle à la coopération entre tous les acteurs de l’écosystème IA, incluant les États, les organisations internationales, les entreprises technologiques, les institutions scientifiques et les acteurs de la société civile.

Les principes structurants du modèle de gouvernance promu

Le Plan repose sur six principes fondamentaux, qui dessinent les contours d’une gouvernance technologique multilatérale :

  1. Orientation vers le bien commun : le développement de l’IA doit servir le progrès humain et le bien-être des populations, dans une logique de bénéfice collectif et universel.
  2. Respect de la souveraineté des États : chaque pays doit pouvoir déterminer librement ses politiques publiques en matière de développement, d’utilisation et de régulation de l’IA, y compris le contrôle de ses infrastructures numériques et de ses ressources de données.
  3. Développement guidé par l’équité et l’inclusion : l’IA ne doit pas renforcer les inégalités structurelles entre États ni entre catégories sociales. L’accès aux ressources stratégiques (données, capacités de calcul, modèles fondamentaux) doit être ouvert et équitable.
  4. Sécurité et contrôlabilité : les systèmes d’IA doivent être audités, testés et maîtrisables, afin de prévenir les dérives technologiques, les biais discriminatoires et les usages hostiles.
  5. Justice et accessibilité universelle : l’innovation en IA doit être inclusive et transparente, garantissant un accès équitable à ses retombées économiques, éducatives et sociales.
  6. Ouverture et coopération internationale : le Plan appelle à un multilatéralisme technique renouvelé, dans lequel les pays du Sud sont pleinement associés à la définition des normes et à la gouvernance opérationnelle de l’IA mondiale.

Ces principes, bien que formulés dans des termes généraux, traduisent une approche normative singulière, qui contraste avec les modèles régulatoires plus libéraux (États-Unis) ou plus prescriptifs et axés sur les droits fondamentaux (Union européenne).

Axes d’action et priorités thématiques

Le Plan identifie 13 domaines d’action prioritaires, appelés à structurer les futures initiatives multilatérales. Parmi les plus significatifs, on peut citer :

  • La création d’un mécanisme multilatéral de coordination dédié à l’IA, suggérant la mise en place d’une organisation internationale ou d’un centre de coopération mondiale de l’IA, visant à mutualiser les expertises, évaluer les risques et diffuser des normes.
  • Le développement de standards techniques et juridiques communs, notamment en matière de transparence algorithmique, de sécurité des modèles fondamentaux (GPAI), d’évaluation ex ante des risques, et de responsabilité des opérateurs.
  • La promotion de plateformes partagées d’expérimentation, ouvertes aux pays en développement, permettant l’accès aux modèles de langage, aux infrastructures de calcul et aux bases de données entraînées.
  • La coopération Sud-Sud et la réduction de la fracture technologique, par des transferts de technologies, des formations croisées et des accords de développement commun.
  • L’instauration de mécanismes volontaires d’audit, de supervision et de certification, appuyés sur une interopérabilité des normes et une transparence internationale des pratiques industrielles.

Le Plan envisage également de renforcer la cybersécurité dans le domaine de l’IA, de lutter contre les contenus générés de manière malveillante (deepfakes, désinformation algorithmique), et de soutenir le développement de principes éthiques universels partagés entre les cultures juridiques.

Vers une gouvernance multipolaire de l’IA ?

Le Plan chinois, sans formuler de dispositif coercitif, s’inscrit dans une logique de contre-proposition géopolitique : il ambitionne de redéfinir les règles du jeu global autour de principes de respect mutuel, de souveraineté technologique et de solidarité internationale.

Il contraste ainsi avec le AI Act européen, qui impose des obligations juridiques contraignantes aux fournisseurs de systèmes IA à haut risque, et avec le traité international du Conseil de l’Europe signé en septembre 2024, qui repose sur l’ancrage dans les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit.

L’approche chinoise promeut plutôt une standardisation souple et coopérative, dans laquelle le consensus international prime sur l’imposition normative, et où les intérêts stratégiques des États sont pleinement reconnus.

Ce Plan d’action constitue un jalon important dans le positionnement stratégique de la Chine sur la scène internationale en matière de régulation de l’intelligence artificielle. Il offre un cadre de dialogue normatif destiné à guider les futures coopérations multilatérales.

En tant qu’avocat de droit français, je précise que ce document n’a pas d’effet juridique contraignant en droit européen ou français. Pour toute analyse détaillée sur ses conséquences potentielles en Chine ou dans la région Asie-Pacifique, il conviendra de consulter un avocat spécialisé en droit chinois.

Vincent FAUCHOUX
Image par Canva
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